Aelia -Chronique 4- Les recherches d'une Olympienne

De retour à Ordenum après un mois de bûcheronnage, Aelia se sentait revivre…Tout aurait pu se passer pour le mieux si seulement cette maudite guerre n’avait pas débutée !
Les rues de la cité s’étaient considérablement vidées. Seuls quelques marchands téméraires essayaient de vendre leurs mets aux rares passants qui arboraient une mine sombre.

La plupart des olympiens valides étaient partis au front combattre l’armée naine qui se rapprochait dangereusement de Lardanium.

Après avoir écoulée son bois auprès du commerçant travaillant pour le compte d’Ordenum, Aelia regarda son maigre butin… Il lui fallait davantage d’or pour s’équiper convenablement.
Elle déambula au fil des rues de la ville s’interrogeant sur ce qu’il convenait de faire dans un moment pareil.

Envahie d’un sentiment de culpabilité, la jeune femme hésitait. Devrait-elle partir et participer à l’effort de guerre ? Avec si peu d’expérience au combat ?
L’olympienne réfléchit longuement puis décida à contrecoeur qu’il serait plus raisonnable de s’abstenir dans l’état actuel de ses capacités.

Contrariée par ses propres pensées, elle se résolut à aller travailler sur le chantier afin de pouvoir s’équiper convenablement.

« Lors de la prochaine guerre il faudra que je me tienne prête » se dit-elle alors qu’elle creusait les fondations d’un nouvel édifice.

En effet la jeune femme prenait du plaisir à participer à l’expansion d’Ordenum en tant de paix. Mais elle se sentait terriblement inutile lorsqu’il s’agissait de résister à l’assaillant ou bien de conquérir de nouvelles terres.

Cette nuit là, Aelia ne dormit pas beaucoup… Au loin on pouvait entendre des cris de douleur rappelant un peu plus à l’Olympienne qu’elle se trouvait bien au chaud dans son foyer alors que ses camarades, eux, risquaient leur vie. Même Siria et Heldria parlaient de partir au front.

…

La bibliothèque d’Ordenum, bien qu’elle soit plus modeste que celle de la cité Blanche était assez imposante et contenait une masse d’information considérable, une mine d’or pour tout Olympien en quête d’érudition.
Eclairée par d’innombrables chandeliers la salle avait des allures de cathédrale avec ses voûtes et ses murs en pierre apparente. Un véritable chef d’œuvre architectural…

Le bibliothécaire, avait l’air d’un ahuri mais possédait sans aucun doute un immense savoir. Insomniaque, le vieil homme autorisait les visites nocturnes. Elles étaient même les bienvenues histoire de tuer le temps.

La jeune femme se dirigea d’un pas ferme vers ce qui semblait être le bureau du vieillard. Des piles de livres étaient amoncelées et menaçaient à tout moment de tomber. Néanmoins cela n’avait pas l’air de gêner le moins du monde l’individu qui se trouvait derrière.

« Euh…s’il vous plaît… » Chuchota poliment Aelia

L’homme s’arracha difficilement du manuscrit qu’il était en train de lire mais afficha un sourire accueillant à son interlocutrice.

« En quoi puis-je vous être utile Mademoiselle ? » Dit-il d’un voix rauque et traînante.

« Je voulais vous demander si vous me laisseriez avoir accès aux registres de la cité, notamment ceux où sont recensés les membres des Chevaliers Noirs . »

De nature curieuse, le bibliothécaire afficha un rictus et déclara :

« Bien entendu que vous pouvez y avoir accès, vous êtes d’Ordenum…Cependant, permettez moi de vous demandez ce que vous comptiez faire avec ces registres ? »

Le vieil homme avait visiblement du mal à cacher son excitation.

« Simplement vérifier certaines informations » répliqua Aelia quelque peu soupçonneuse du comportement de l’Olympien.

Celui-ci ne pu contenir son enthousiasme plus longtemps et entrepris la narration des ses dernières recherches au seins des registres d‘Ordenum.

Déconcertée, Aelia écouta par correction son récit qui n’avait vraiment rien d’intéressant…

« Et vous voyez ? Hein ? J’ai passé 39 heures ! Oui 39 heures à rechercher un nom dans ce fichu registre alors que la réponse se trouvait devant moi !
Du coup vous savez ce que j’ai fait ? Non ? Et bien… Mademoiselle ? Mademoiselle !! »

Jamais elle ne s’était autant ennuyée…Profitant d’un volte face du bibliothécaire pour lui montrer l’une se ses trouvailles, l’Olympienne s’éclipsa au fond de la salle, là où on n’irait pas la chercher. Par chance elle trouva les registres qu’elle cherchait non loin de là et commença à les éplucher…

Des heures s'étaient écoulées et les espoirs d'Aelia s'amenuisaient au fur et à mesure que les dernières pages du registre se tournaient...

Il était tard et le vieil homme en charge de l’établissement était occupé à ranger des montagnes de livres, qui reposaient auparavant sur son bureau. Le crépuscule était tombé mais la lueur des flambeaux muraux continuait d’éclairer généreusement la salle. Les dernières personnes qui se documentaient entreprirent de quitter les lieux jugeant qu’ils seraient plus efficaces avec une bonne nuit de sommeil.

Déçue, Aelia se résolu au même sort que les autres et rangea soigneusement l’épais volume qu’elle tenait. Il n’y avait donc personne chez les Chevaliers noirs qui pourrait l’aider. C’est alors qu’elle tomba sur un livre encore plus volumineux et miteux que le précédent, intitulé : « Registres des forces armées de Lardanium »

Abandonnant quelques instants l’idée de partir, elle saisit le livre et l’ouvrit par curiosité. Elle ne s’attendait cependant pas à trouver si rapidement son bonheur…

La nuit fût longue pour la jeune femme qui avait finalement décidé de s’atteler à la rédaction d’une missive. Elle ne savait pas trop comment s’y prendre ne connaissant pas vraiment les gens à qui elle s’adressait.

Après de nombreuses hésitations elle se lança :

Chers Olympiens, membres de l’OdS et cher Légan,

Vous n’avez probablement jamais entendu parler de moi. Cela fait maintenant quelques années que j’ai quitté de mon plein gré la capitale Olympienne afin de trouver le calme et de pouvoir mener une vie paisible au sein d’Ordenum.

Cependant beaucoup de choses ont changé durant ces années notamment le nombre d’agressions envers notre empire qui ne fait qu’augmenter. Bien que ces agresseurs, ces êtres inférieurs, ne soient pas à la hauteur de nos capacités, ceux-ci, par leurs attaques répétées, nous usent et nous empêchent de mener une vie confortable.
A vrai dire, parfois, je me sens honteuse…Honteuse de ne pouvoir servir notre peuple en temps de guerre autrement qu’en collectant des ressources ou en travaillant au chantier. C’est pourquoi, j’ai décidé de me lancer dans l’approfondissement de mes connaissances magiques afin qu’elle puissent servir à autre chose qu’a de simples tâches quotidiennes.

Bien entendu, je pourrais aller m’enfermer toute la journée à étudier et à retenir des formules mais l’expérience m’a appris qu’il valait mieux trouver des personnes acceptant de partager et de transmettre leur savoir. La magie, moins ancrée dans notre culture que l’art du combat au corps à corps n’en demeure pas moins efficace sur les champs de bataille.

J’ai passé de longues heures à éplucher les registres d’Ordenum et de Lardanium. Malheureusement les Chevaliers Noirs ne disposent pas de magiciens au sein de leur groupe. Je me suis alors tournée vers la cité mère et j’ai constaté avec joie que votre groupe disposait d’un nombre important de mages, tous expérimentés.

Voici donc ma requête :

Pourriez vous me laisser intégrer au moins temporairement votre groupe afin que je puisse me perfectionner dans la pratique de la magie. Evidement il faut que les mages soient d’accord !
En contrepartie je vous promets d’être assidue aux enseignements que vous me donnerez et je compte également me dévouer corps et âme aux causes que vous défendez ainsi qu’à vos différentes manœuvres.

En espérant que ma missive ne soit pas trop importune, j’attends votre réponse avec impatience.

Cordialement

Aelia

Le lendemain, la jeune femme accrocha le morceau de parchemin à la patte de son pigeon voyageur et le regarda s'envoler vers Lardanium.