Acharnées à creuser les fondations du nouvel édifice pour le compte de la cité d’Ordenum, Aelia et Siria ne se préoccupaient guère de ce qui se passait dans les alentours, elles avaient déjà assez à faire.
Presque machinalement elles enfonçaient tant bien que mal leurs pelles dans la terre rendue sèche par un soleil éclatant et ne discutaient que très peu. Pourquoi un tel acharnement ?
Elles avaient besoin d’or, et gagner de l’argent tout en participant à la bonne marche d’Ordenum les satisfaisait pleinement.
La journée passait et la fatigue se faisait ressentir. Beaucoup avaient déjà cessé de travailler, lorsqu’une jeune femme aux airs trépidants apparut sur le site de la construction.
Aelia n’avait jamais vu une telle joie de vivre. La jeune femme, vêtue de manière extravagante débordait d’énergie et parlait à tout ceux qu’elle croisait. Arrivée à la hauteur des deux femmes, Aelia crû entendre la nouvelle arrivante s’exclamer :
« …sont vraiment pas chaleureux ceux là …A peine arrivée et on vous renvoi déjà balader…Quelle misère… »
A la grande surprise d’Aelia et désormais de Siria qui avait relevé la tête, l’inconnue se retourna brusquement et lança des jurons à ceux qui l’avaient précédemment si mal accueillie
« Comment ? Bien vous aussi z’êtes pas mal !! Vous savez qui je suis ? Non ? Ben vous devriez !! Je m’appelle Heldria, retenez bien ce nom, idiots, raclures, ivrognes, protozoaires à la graisse d’ours !! »
Abasourdies, Aelia et Siria reprirent le travail avant que la jeune arrivante ne les fasse participer à cette querelle. Manque de chance, lorsque la jeune fille se fût calmée, elle se retourna et dit :
« Bon à la base je suis venu pour travailler, j’ai besoin d’or alors même si on ne s’amuse pas par ici je vais tenter d’en gagner… »
« Hé les filles qu’est ce que vous faites, vous creusez ? «
C’est avec une légère grimace qu’Aelia et Siria relevèrent la tête…Avant qu’elles ne puissent répliquer, Heldria avait tenté de les imiter en plantant sa lame dans la terre ce qui n’eu pour seul effet que de soulever un nuage de poussière…
« atchou…atchou…chou »
Heldria avait fait ça avec tellement de naturel que Siria et sa compagne se surprirent à pouffer de rire.
…
Quelques temps après cette insolite journée Aelia devait partir en compagnie de Cormag, Chevalier Noir rencontré fortuitement, afin de collecter des ressources pour le compte d’Ordenum et sur Ordre du maître des lieux, Slash.
Perdue dans ses pensées, elle suivait de près Cormag qui devait l’emmener au point de rencontre à l’est d’Ordenum, afin de rallier d’autres personnes qui les aideraient certainement dans leur tâche.
Aelia repensait à Heldria, son arrivée soudaine, sa colère face à des habitants peu accueillants…Sa propre arrivée dans la ville d’Ordenum fût ponctuée d’évènements similaires.
Exilée de Lardanium, à cause de cette obsession de la « grandeur » qu’on sans arrêts ses résidants, Aelia ne se sentait pas chez elle.
C’est avec une grande appréhension que la jeune femme décida quelques années auparavant de quitter la cité mère et de se diriger vers la cité plus modeste d’Ordenum. Cette appréhension était probablement due aux rumeurs circulant à Lardanium à propos des Chevaliers Noirs. Ceux-ci étaient parfois considérés comme des barbares qui n’avaient aucune conscience.
Aelia sourit dans le dos de Cormag
"Celui là n’a pas l’air d’un barbare se dit elle en regardant le jeune Chevalier…"
Bientôt arrivés à destination, Aelia était toujours songeuse. En se retournant, elle pouvait voir les murailles, baignées par les rayons du soleil, qui faisaient office d’enceinte à la cité d’Ordenum.
Ces imposantes murailles elle les avait déjà vue quelques années plus tôt, impressionnantes, ne sachant pas ce qu’elle allait trouver derrière…
A l’instar d’Heldria elle s’était dirigée vers le chantier. Elle avait besoin d’or et elle espérait trouver quelqu’un là bas pour l’aider. Cependant son caractère n’était pas aussi trempé que celui d’Heldria et elle quitta le site avec juste de quoi s’offrir un repas pour le soir. Désespérée elle trouva un coin de rue et s’allongea sur les pavés inconfortables avec l’intention de réussir à dormir ne serait-ce qu’une partie de la nuit…
Ses paupières commençaient à se fermer lorsqu’une voix de femme retentit…
« Hé pssst dépêche toi un peu, tu veux te faire prendre ou quoi ? »
A moitié endormie Aelia se redressa
« Hein… quoi…On nous attaque ? »
La femme s’avança soudain vers Aelia lui pris le bras et l’entraîna dans ce qui ressemblait à une maison. Comme si ce qu’elle venait de faire était tout à fait normal, la femme repris aussitôt ses activités…
« Les vagabonds et les mendiants ne sont pas les bienvenue ici tu sais…Si la patrouille t’avait trouvée tu aurais eu de sérieux ennuis » dit-elle d’un air maternel
« Demain je te présenterai ma fille, Siria. Elle est un peu timide mais elle aime bien la compagnie… »
Aelia ouvrait la bouche mais les mots ne venaient pas…
Comme si la femme avait tout compris, elle proposa à Aelia de séjourner quelques temps dans ce foyer en échange de ses services dans des tâches diverses et variées…
…
« Aelia... Aelia !! »
L’olympienne sursauta et se rendit compte qu’elle avait continué à marcher une cinquantaine de mètres alors que Cormag s’était arrêté.
Comme pour se ressaisir la jeune femme balbutia
« Euh…Tu es déjà fatigué ? »
Cormag esquissa un sourire et annonça :
« Non non…Tu te souviens ? Il faut patienter quelques instants, les autres ne vont pas tarder à se montrer ! »
« Ah oui c’est vrai » répliqua t’elle le visage rougissant un peu.
Elle revint sur ses pas et s’installa au pied d’un arbre aux cotés du chevalier et tout deux commencèrent une longue attente…